l’Aréna à Famar : beaucoup de bruit pour rien ?
Communiqué du 21 janvier 2011
Après deux ans d’affirmations péremptoires sur le « bien fondé » et le caractère « exceptionnel et unique à Orléans » du site de l »île Arrault, le maire
d’Orléans nous a annoncé jeudi soir, l’abandon de ce site pour le terrain actuellement occupé par l’entreprise FAMAR.
Serge Grouard a expliqué avoir « entendu » les arguments des riverains, ce qui l’aurait convaincu de changer radicalement d’avis et incité à proposer, dans
la précipitation, un tout nouveau projet.
Pourtant, malgré le soulagement sensible de plusieurs participants, rassurés quant au respect du site naturel de l’hippodrome, sur le fond, ce brusque changement
du lieu d’implantation de l’Aréna pose plus de questions qu’il n’en résout. Plus précisément, d’importantes interrogations demeurent sur la gestion du
dossier, l’inondabilité et l’accessibilité du site, et limpact financier du projet.
La gestion du dossier, depuis le départ, semble uniquement le fait du maire. Pour mémoire, rappelons que lors du choix de l’assistance à maîtrise douvrage,
(l’ AMO) qui a en charge la faisabilité du projet, nous avions proposé dintégrer la recherche de plusieurs sites alternatifs possibles en plus de
celui de l’ile Arrault. A l’époque, le maire était resté sourd à notre demande. Aujourd’hui, selon nos informations, aux 450 000 euros de frais détudes
déjà engagés, il va nous être proposé d’ajouter encore 125 000 euros ; tout cela pour vérifier la faisabilité dun autre site ! Cette dépense supplémentaire
aurait pu être évitée, de même qu’aurait pu être évitée l’impression d’impréparation donnée par la dernière volte face municipale.
Au cours de la réunion publique du 20 janvier, nous avons abordé la question de l’inondabilité qui placerait les deux plus grands équipements de même nature,
Zénith et Aréna, en zone de crue, même si l’aléa est qualifié de « modéré » dans le zonage réglementaire. Doù notre question : Est-il pertinent, est-il
même raisonnable, de concentrer ces bâtiments coûteux sur un même lieu, soumis à un risque dinondation avéré ? Nest-ce pas jouer avec l’avenir ?
La question des accès se pose à peu près en mêmes termes pour les deux localisations retenues. Si le tram est un peu moins loin à FAMAR, la grande majorité
des utilisateurs venant en voiture, il faudra bien arriver jusque là Or, il existe un projet de transformation en boulevard urbain de la RD2020, avec
pour objectif d’éviter l’entrée des véhicules de passage, pour privilégier une circulation urbaine. Ce projet doit recevoir un début de mise en oeuvre dès
février de cette année. Nest-il pas paradoxal de vouloir à la fois « apaiser » la circulation en limitant le transit et construire un équipement qui,
une centaine de fois par an, drainera plusieurs milliers de véhicules dans ce secteur ? Quelle est la cohérence globale de cette implantation, au regard
des enjeux de circulation automobile et de stationnement ?
Enfin, l’aspect financier du projet na guère été abordé au cours de la réunion, et l’on ne sait pas si les caractéristiques particulières du terrain FAMAR
engendreraient des coûts supplémentaires. Ne sont pas chiffrées, notamment, les surcoûts liés à la démolition des bâtiments, mais aussi à la dépollution
dun site ayant accueilli depuis des décennies des substances chimiques hautement toxiques. Des éléments d’informations nous ont simplement été promis
dans les mois à venir.
Toujours sur le plan financier, mais côté gestion de l’équipement cette fois, la concurrence ou la complémentarité avec le Zénith reste une source dinterrogation.
Les chiffres annoncés de 100 manifestations pour l’Arena, en plus des 45 déjà programmées au Zénith, nous paraissent très difficilement réalisables. De
même la place laissée aux sports, 40% seulement de la programmation, nous semble insuffisante.
Pour notre part, nous continuons à défendre l’idée dun équipement sportif, destiné en priorité à l’ensemble des pratiques en salle, de dimension d’agglomération,
moins coûteux, éliminant par sa localisation l’hypothèque inondation et aux abords de grandes voies de communications existantes.
Dans la liste des douze sites souvent cités par le maire, plusieurs répondent à ces conditions. En conséquence, nous proposerons à la municipalité d’intégrer
dans le cahier des charges de l’AMO un travail approfondi de ces possibilités.
A une période où l’argent public fait défaut dans des domaines essentiels de la vie de nos concitoyens, nous sommes conscients qu’il ne faut pas renoncer
aux projets de développement de notre agglomération, mais nous estimons que les coûts doivent en être raisonnables, sans disproportion ni gigantisme. Nous
pensons également que l’effort financier ne doit pas être porté par la ville seule, mais par l’agglomération toute entière, puisque l’équipement sera à
son échelle.
Enfin, à propos des motifs réels du changement de localisation, le maire a tellement insisté sur ses qualités d’écoute et sur son absence de surdité, qu’on
ne peut que s’interroger sur les raisons profondes du changement de site d’implantation envisagé. Nous nous réjouissons bien sûr de ce qu’il se rallie
enfin à la position que nous défendons depuis deux ans. Cependant, nous pensons que l’avis défavorable opposé par le préfet au PLU de Saint Pryvé (sur
lequel l’Aréna devait primitivement être située), la nature fragile du sous-sol de l’île Arrault, l’avis de lUNESCO et les contraintes globales du lieu,
forment un faisceau de motifs plutôt plausibles pour expliquer un tel renoncement. Il reste dommage pour nous tous, pour le projet lui-même et pour Orléans,
que Serge Grouard ait mis deux années à s’apercevoir de tout cela !
Hier soir, le maire dOrléans a dit avoir entendu les critiques et les doutes sur son projet. Espérons qu’il saura aussi les écouter.
Michel Brard et Corinne Leveleux-Teixeira